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les épis


Montez, Alléluias, montez ! Non, jamais heure
Pour les pauvres humains n’aura sonné meilleure.
La haine s’est enfuie au souffle de l’amour ;
L’Éternel a levé le terrible anathème
Qui pesait comme un joug sur le front sans baptême,
Depuis le premier jour !

Ô peuples façonnés aux hontes du servage,
Buvez le vin nouveau ! C’est un divin breuvage
Qui mettra la vaillance en vos cœurs engourdis,
Et vous réjouira comme un chant de trouvère !
Dans un long cri d’amour il coula du calvaire
Sur le front des maudits.

Vierges, semez de lis vos retraites jalouses.
Que la blancheur est douce et fleure bon ! Épouses,
Chantez l’alléluia ! Vos foyers sont des nids
Que ne profanent point les amours éphémères,
Et, quand tressailliront vos entrailles de mères,
Vos fruits seront bénis !

Alléluia ! Petits que l’orgueilleux dédaigne,
Grands qu’on envie, et dont en secret le cœur saigne,
Passants accoutumés du chemin des douleurs,