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les épis

Nos trois cloches

I


Dans les brumes d’antan les jours de mon enfance
Ont sombré, mais parfois je m’arrête, et je pense
Au calme bienfaisant qui les enveloppait.
Je ne connaissais rien et rien ne m’occupait,
Hormis les chants d’un bois, les sables d’une grève,
Les parfums d’une fleur. Si quelquefois un rêve
Essayait d’ouvrir l’aile et de m’emporter loin,
Ému, je regardais, dans les frissons du foin,
Au ruisseau qui les baigne, au bois qui les abrite,
Les boutons d’or, l’iris, le thym, la marguerite,
Et je disais au rêve ailé :
Et je disais au rêve ailé— Je suis aussi
Une humble fleur des champs, laisse-moi vivre ici.

En ces jours reculés, dans nos paroisses riches,
Au milieu des sillons, du pacage et des friches,