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les épis

Tous ceux qui lui donnent l’obole.
Mais nul ne peut, sur ma parole,
Payer par un mot de douceur,
Sur un vieux bac un vieux passeur.

Que d’amours restent sur la rive,
Ou s’éteignent sur le rocher,
Par la faute du vieux nocher !
Quand le jour fuit ou qu’il arrive,
On croit entendre avec les flots
Passer des soupirs, des sanglots…
À l’heure où s’envole la grive,
Que d’amours restent sur la rive !

Tous les vieillards, les jeunes gens,
Tous ceux qui suivaient cette voie.
Cherchant de l’or ou de la joie,
Les heureux et les indigents,
Demandaient à Dieu, bagatelles !
Un pont solide ou bien des ailes.
Ils n’étaient pas trop exigeants,
Tous les vieillards, les jeunes gens.

Et le ciel finit par entendre.
Un pont unira les deux bords.