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ironie et prière


Ironie et prière


Il est nuit ; il fait froid. Sur l’angle des toitures
Le vent siffle de plus en plus,
Et, sous l’acier poli des rapides voitures,
La neige rend des sons aigus.
Le poêle plein de feu raisonne comme un cuivre,
La lune, de ses réseaux d’or,
Fait scintiller au loin le grand linceul de givre.
La ville ne dort pas encor.

Hâtez-vous, jeunes gens, car l’heure qui s’envole
Ne passera plus devant vous.
Allez danser au bal, si le bal vous console
Mieux qu’une prière à genoux.
Allez à vos festins, à vos pompeuses fêtes,
Vous dont la paupière est sans pleurs,
Pour semer sur vos pas, pour couronner vos têtes,
L’automne a réservé des fleurs.