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les épis


Rayon lointain


Le beau soir ! Le beau soir !… Étendard grandiose,
Un nuage d’argent, frangé d’or et de rose,
Sur nos monts d’azur sombre avait longtemps flotté ;
Et l’homme, tout rempli de soins, avait trotté
Comme l’insecte vif sur les routes diverses.
La brise avait séché quelques tièdes averses.
Dans le ciel du couchant, comme un riche ostensoir,
Le soleil avait lui… Le beau soir ! Le beau soir !

C’était la fenaison. C’était une féerie…
Sous la buée et sous les fleurs, chaque prairie
Semblait un large autel où brûlent des encens.
De toute part montaient d’harmonieux accents.
Le fermier matinal, portant sur son épaule
La faux d’acier luisant et la fourche de saule,
Dès l’aube était sorti de son humble maison.
La lumière pleuvait… C’était la fenaison.