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les épis


Si tu pouvais parler


Au Saint-Laurent


Si tu pouvais parler dans tes vaillantes courses,
Ô fleuve merveilleux ! ô fleuve vagabond !
Tu nous dirais pourquoi loin, bien loin de tes sources,
Tu vas enfin te perdre à l’océan profond,
Comme ces blonds enfants qui laissent leur village
Avec un cœur naïf et des vœux superflus,
Comme ces blonds enfants à l’âme un peu volage,
Qui vont dans les cités d’où l’on ne revient plus.

Tu nous dirais pourquoi, sous une tiède haleine,
L’on voit frémir ton sein ;
Pourquoi souvent aussi, comme une morne plaine,
Tu t’aplanis soudain,
Et pourquoi, tour à tour, ta voix est humble ou fière
Pourquoi tu dors parfois