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tonkourou




Le soir était venu. Dans un appartement
Sans meubles, tout poudreux, éclairé faiblement,
Étaient assis alors trois sombres personnages.
L’horreur envahissait leurs fauves voisinages.
Une voix grommela :
— Ruzard, c’est mon avis…
Qu’importent les sommets quand on les a gravis ?
Suis Tonkourou. Voici que mugit la bourrasque ;
On peut dans ces temps-là, sans se couvrir d’un masque,
Brûler une maison ou tuer un rival.

— Puisque je suis entré dans ce chemin fatal,
Je marche, dit Ruzard.

— Songes-y bien, calcule,
Repartit Tonkourou. Si tu le veux, recule ;
J’irai bien tout seul, moi, car vois-tu ? je le hais.
C’est pour moi que j’agis, et le mal que je fais…
Mais taisons-nous. Non, point de confidence vaine.
Oh ! l’imprudent garçon qui se livre à ma haine !
Je suis content, François, d’avoir pu le sauver,
Pour le perdre encor mieux et lui faire éprouver
Comment un indien exerce la vengeance.