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tonkourou


Jean grinça :
— C’est Léon !
— Ton ange gardien !
Fit, riant aux éclats, le cynique indien.

— C’est un chasseur de dot. Il veut me tendre un piège.
Je ne permettrais pas qu’on lui donnât un siège
S’il remettait, le gueux ! les pieds dans ma maison.

— Il te garde rancune, et j’en sais la raison.

— La raison, je la sais, — reprit d’une voix morne
Jean Lozet — Sa fureur ne connaît plus de borne.
Je viens de le chasser en me moquant de lui.
Il était là, sous l’orme, épiant dans l’ennui,
Le fortuné moment où sortirait Louise.

— Mon frère, crois-le bien, jamais je ne déguise,
Quand je m’adresse à toi, la sainte vérité.
Eh bien ! je te le dis, ce garçon irrité
Est plus à craindre, va, que ton cœur ne le pense.
Il te fera du mal. Voilà la récompense
De tes bienfaits nombreux, de ta grande bonté.

Et Louise entendait ce langage éhonté,
Ce discours venimeux qui lui déchirait l’âme.