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tonkourou


Et toujours s’élevait de la terre et de l’onde
Un long gémissement, une plainte profonde !
Le ruisseau qui courait dans le fertile pré,
Les insectes, les fleurs au corsage empourpré,
Les arbres qui voilaient la route solitaire,
Les épis aux grains d’or repliés vers la terre,
La brise du midi, le papillon mutin,
Le nid qui gazouillait au réveil du matin,
Tout semblait prendre part à la douleur immense
De ce peuple écrasé par l’orgueil en démence ;
Tout priait avec lui, tout avec lui pleurait,
Et le lien fatal chaque jour se serrait.

Mais soudain une voix s’élève et nous étonne.
Elle va retentir comme un canon qui tonne,
Et les glaives rouillés sortiront du fourreau.

Un homme s’est dressé sous le fouet du bourreau :
Il est rempli d’amour pour le peuple qui souffre ;
Il voudrait le voir libre ; il lui montre le gouffre