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iii

TOMBE ET BERCEAU

Bien des hivers ont fui. Sous la neige éclatante
Chaque arbre s’est dressé comme une blanche tente.
Le printemps est venu pour s’en aller encor ;
L’automne s’est drapé dans mainte moisson d’or ;
Bien des lambeaux d’amour sont restés aux épines ;
Dans la prairie en fleurs et sur les aubépines
Des hymnes d’espérance ont réveillé les nids ;
Sur la grève déserte et sous les bois jaunis
Sont venus bien des fois, à l’heure du silence,
Rêver les malheureux qu’ignore l’opulence ;
Au fond du cœur de l’homme et dans les cieux vermeils
Ont brillé bien souvent de radieux soleils,
Ont passé tour à tour le calme et la tempête.