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tonkourou


Le prêtre dit encor ;
— Je voulus, en ce lieu,
Parler à cette femme et de l’âme et de Dieu,
La faire réfléchir sur sa conduite folle ;
Elle rit aux éclats de ma sainte parole.
L’indien se levant, me montra la forêt
Et me dit de partir, car il n’était pas prêt
À perdre des amours dont son âme était fière…
Cette femme avait nom Marianne Simpière.

— Simpière ? fit Léon, Tonkourou l’indien ?
Ces malheureux, mon père, oh ! je les connais bien.
Ils demeurent tous deux ensemble à Lotbinière.
Ils ont, comme des loups, sous les bois leur tanière.
Tonkourou, c’est cet homme avec qui mon rival
Un instant se ligua pour me faire du mal ;
C’est cet homme étonnant qui, changeant de nature,
Fit soudain succéder l’honneur à l’imposture ;
C’est l’espion rusé dont hier je parlais,
Qui vint jusques ici combattre les anglais !
La fière courtisane est aujourd’hui sorcière.
Sa jeunesse est bien loin ; elle tombe en poussière…

Le curé soupira :
— N’en parlons plus ici.
Que Dieu soit indulgent pour ce cœur endurci !