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tonkourou


La mère Jean Lozet allait et revenait,
Mettant tout en son lieu. Près d’elle se tenait,
Souriant quelquefois avec mélancolie,
Son enfant adoptive, ingénue et jolie.

Elle avait le doux âge où la vie est en fleurs,
Où souvent le souris vient se mêler aux pleurs,
Où le cœur se réveille, où l’amitié se noue.
Le baiser restait pur en effleurant sa joue ;
Le mal en la touchant eût perdu sa noirceur.

Louise était son nom. Son œil plein de douceur
Jetait les jeunes gens en tendres rêveries,
Quand ils la rencontraient au milieu des prairies,
Fanant, sous le soleil, le foin mûr en chantant,
Ou cueillant pour l’autel le pourpier éclatant.



Sur la tablette en bois, tout au-dessus de l’âtre,
Jean Lozet, souriant, prit sa pipe de plâtre,
Son briquet, de la tondre et fit jaillir le feu.

— Ma Louise, dit-il, songes-y donc un peu,
Oui, voilà que j’arrive en des saisons arides ;
L’âge enchaîne mes pas ; mon front porte des rides