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tonkourou

À des moyens nombreux d’accomplir ses desseins :
Elle est douce au coupable, elle éprouve les saints.

Puis, allant à Louise :
— Ô pauvre enfant, tu pleures !
Dans chaque vie, hélas ! il est de tristes heures ;
Mais, ainsi que le bien, le mal ne dure pas.
Pourquoi donc cependant porter ici tes pas
Et jurer à l’époux une amour immortelle,
Si ton âme savait qu’elle n’était point telle ?

Ce reproche passa comme un poignard de fer
Dans le cœur de Louise.
— Oh ! je souffre un enfer !
Si je pouvais mourir ! mourir ici, dit-elle !…

Mais le curé reprit :
— Vous étiez le modèle,
Ô ma pieuse enfant, des filles du hameau ;
Soyez l’arbre fécond, soyez le vert rameau
Qui porte pour le ciel des fruits en abondance !

Puis il dit à Lozet :
— Sous votre dépendance,
Vous, brave père Jean, gardez longtemps encor
Cette enfant qui vaut mieux que tous vos louis d’or.