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tonkourou


Léon redit alors tout ce qu’il avait vu.
Et pendant le récit de ce drame imprévu,
Le pilote sentait gronder son âme. Une heure
Sur le sable doré que chaque vague effleure,
Ils vont causant ainsi, tristes, les yeux baissés.

Le ravin tout à coup avec ses flots pressés
Apporte les sanglots de quelqu’un en détresse.
Ils s’approchent du cap, à l’endroit où se dresse
Comme un panache blanc le tronc d’un vieux bouleau,
Et trouvent le huron gisant les pieds dans l’eau.



Les heures s’écoulaient pleines d’incertitude.
Lozet montrait toujours sa vive inquiétude,
Et quelques uns déjà se levaient pour partir,
Quand un cri de terreur fit bien haut retentir
L’anxieuse maison.
Aidé du vieux pilote,
Sur un brancard léger Léon le patriote
Apportait Tonkourou sanglant, évanoui.
Alors on vit pâlir plus d’un front réjoui.
Et chacun soupçonna, mais sans le dire, un crime.