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tonkourou

Les pauvres naufragés appelaient au secours.

Pendant qu’à la douleur on donne libre cours,
Tonkourou prend Ruzard et lui dit à l’oreille :

— C’est Dieu, va, qui nous offre une chance pareille…
Vois-tu des pièces d’or les célestes rayons ?

— Diable ou Dieu, repart l’autre, il n’importe. Essayons
De sauver ces marins pour notre bénéfice.
Je suis prêt. S’il le faut, employons l’artifice.

Ils entrèrent rêvant d’un superbe butin.

Ruzard dit :

— Ils mourront avant qu’il soit matin.
Faut-il qu’on les entende et qu’on les abandonne ?
Montrons-nous donc chrétiens. Le Seigneur qui l’ordonne
Saura bien nous guider vers le bateau perdu.

— Va, noble enfant, dit Jean, à ce labeur ardu :
Va vite. Agir ainsi, François, oui, c’est être homme !…
Eh bien ! femme, entends-tu ? Vois-tu, Louise, comme
Ce jeune garçon-là sait être généreux ?…
Mais prends garde, Ruzard, le fleuve est dangereux.