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tonkourou


— Il faut se souvenir des choses de la veille,
Mère Simpière. Il faut, et cela me suffit,
Que j’aie après l’ouvrage une part du profit.

— C’est juste. Ah ! qu’il est beau cet argent dur qui sonne !
C’est mon Dieu maintenant. Une seule personne !
Tout autre culte, hélas ! m’inspire la pitié,
Et je n’enfante point le crime qu’à moitié.

Tonkourou dit :
— Ruzard, Jean te trouve exemplaire ;
Puis, à Louise aussi tu commences à plaire.
Ils sont gagnée.

Tous deux, âpres comme des loups,
Comptaient les louis d’or avec un soin jaloux.
La vieille s’approcha disant ;
— Je vous approuve ;
Il faut garder le bien quand Dieu veut qu’on le trouve.

Et, sur l’or qui tombait en rendant des sons clairs,
Ses deux grands yeux méchants dardaient de vifs éclairs.
Ses cheveux se dressaient comme un nid de couleuvres.
Elle ajouta :
— L’enfer doit sourire à nos œuvres.