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tonkourou


— La vieille m’a conté longuement tes soucis.
Il nous faudrait avoir des cœurs bien endurcis
Pour ne pas s’alarmer quand un mal te menace,
Toi notre ami. François, le sauvage est tenace :
Il ne retire point sa parole ou sa foi.
Or, tu sais que je veux partager avec toi
Et ta mauvaise chance et ta bonne fortune.
Je me suis dit tantôt : c’est une heure opportune :
Il commence la lutte, aidons-le quelque peu…
Mais verse donc encor cette bonne eau de feu ;
Vois-tu ? cela réchauffe en déliant la langue.
Je ne veux pas te faire une longue harangue :
Il vaut bien mieux agir que parler. C’est ceci :
Que Lozet chasse enfin ton rival loin d’ici.

— Mais comment ? si Louise…
— Il le fera, te dis-je.
Le devoir, le scrupule, et la peur…
— Quel prodige !
Le chasser lui par qui mon doux hymen se rompt !
Et sais-tu, chef habile, un moyen sûr et prompt ?

— Nous en dirons du mal ; le mal est doux à croire ;
Et, s’il a l’âme blanche elle paraîtra noire.
Sauvé par nous, par nous il peut aussi périr.

— À nous deux tous les biens que je vais acquérir !