Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
tonkourou

Dit-il avec des pleurs, Auger, je vous en prie,
N’allez pas m’enlever cette fille chérie,
Ma vieille femme et moi, nous mourrions de douleur.

— Je ne suis pas un tigre, encor moins un voleur,
Lui répondit Auger, vous garderez ma fille :
Plus qu’avec moi chez vous elle est dans sa famille !
Mais je viendrai souvent — faut pas me jalouser —
Sur son front virginal déposer un baiser,
Quand on jettera l’ancre au retour des voyages.

Ces paroles de paix chassèrent les nuages.

Au toit hospitalier où l’attendait toujours
Un bienveillant accueil et de chastes amours,
Léon revint. Il dit :
— Est-ce que l’on complote ?

Le mystère flottait partout. Mais le pilote
Accourt à sa rencontre et tombe dans ses bras.

— Viens, fait-il, ô Léon ! viens, et tu comprendras
Comme je dois bénir la clémence divine !…
J’ai retrouvé ma fille !… Ah ! ton cœur le devine,