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tonkourou

De là le joli nom que le temps lui conserve.
Le nom reste ; ils ont fui leur antique réserve.

Lorsqu’il ne chassait pas, loin de tout importun,
L’indien paresseux fumait l’âcre petun.
À la brise livrant ses longs cheveux d’ébène,
La jeune squaw tressait des corbeilles de frêne,
Et près d’elle l’enfant que l’oiseau caressait,
Dans sa nagane souple aux rameaux se berçait.



Salut, reste vaillant de ces bois poétiques,
Orme dont les rameaux remplis de bruits mystiques
Se dessinent de loin, comme un nuage noir,
Dans les lueurs de l’aube ou les pâleurs du soir !
Salut, géant debout sous le fouet des orages !
Salut, vieux rejeton de nos jeunes parages !

Naguère l’on voyait, sous tes rameaux mouvante,
Une blanche maison avec d’étroits auvents.
Son pignon élevé lui donnait l’air sévère.
La porte avait vitrail. Quatre châssis de verre
Brillaient sur le devant aux rayons du soleil,
Et trois autres donnaient sur le fleuve vermeil.