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tiques fuyaient la présence de ces métis, lesquels, émettaient comme les loups une odeur particulière.

Qui alors nous expliquera l’origine de nos chiens esquimaux, lesquels hurlent, mais n’aboient point, ont les oreilles droites, pointues, la couleur, la taille, la dégaine du loup, sa voracité[1] pour la chair crue de la volaille et souvent sa férocité. Rien de plus lugubre, nous disent les voyageurs, que d’entendre, pendant le silence des nuits, sur la plage glacée, inhospitalière du Labrador, les chiens esquimaux hurleur — réunis en bande — [2] affamés et prêts à dévorer homme ou bête qui s’aventurerait sans défense parmi eux ! On les nomme Chiens-Loups, Wolf-

  1. Un superbe chien esquimeau, que je tenais, comme mesure de sûreté, parqué la nuit dans mon écurie, grugea de ses longues dents canines, un trou dans une cloison solide qui abritait un poulailler et bien que repus de la veille, il étrangla et avala, chair et os, un dindon dodu que nous réservions pour le dîner de Noël. Hélas !
  2. Le chien esquimau, dit M. l’abbé Ferland, a servi de base à toutes les familles de chiens au Labrador ; dans quelques localités, il s’est croisé avec des chiens appartenant à d’autres races ; ailleurs, il a été conservé pur et sans mélange. Le vrai chien esquimau est de forte taille ; sa robe est blanche avec quelques taches noires ; il a le poil long, les oreilles pointues, la queue touffue et relevée ; il n’aboie point, mais pousse des cris courts et étouffés, qui semblent être des essais d’aboiement. Il ressemble d’une manière frappante au loup du pays, ou plutôt c’est un loup réduit à l’état domestique ; assez souvent, on a vu un loup au milieu d’une troupe de chiens esquimaux, s’amusant à jouer avec eux ; mais les derniers semblent comprendre que cette compagnie n’est pas respectable ; car, dans ces occasions, dès qu’ils aperçoivent leur maître, ils prennent un air de gravité tout-à-fait comique. Les deux familles s’allient quelquefois ensemble.

    Si les chiens esquimaux ne savent point aboyer, en revanche ils sont habiles à hurler : chaque soir, autour des maisons, ils donnent un concert au profit des dormeurs. Un vieux chien commence ordinairement à donner le ton avec sa voix de baisse-taille ; puis, viennent les ténors et enfin les jeunes chiens se joignent con amore, aux anciens de la troupe, et un chœur de musique infernale continue ses lamentations jusqu’à une heure avancée de la nuit. »