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la taille du mâle et celle de la femelle a fait croire qu’il y avait deux espèces de bécasses, en Amérique.

Audubon trace un magnifique tableau de la sollicitude de la femelle pour ses jeunes et des ingénieuses ruses dont elle se sert pour attirer sur elle, l’attention de celui qui veut s’emparer de ses petits ; en ceci, elle ressemble fort à la perdrix, mais les jeunes bécasses n’ont pas, il s’en faut de beaucoup, l’agilité des perdreaux ; ce sont de faciles victimes que des enfants cruels dérobent à la tendresse de leurs bons parents.

La migration des bécasses, ne se fait pas par troupe, mais une à une la nuit, au clair de la lune, et avec une telle rapidité que l’on peut dire qu’elles sont toutes à la file, quoique à une certaine distance les unes des autres. Cette particularité a été remarquée, par le même naturaliste sur les rives du Mississipi et de l’Ohio ; le soir presque à chaque instant, à commencer du milieu du mois de mars jusqu’au milieu du mois d’avril, la bécasse passe avec la rapidité d’un trait. Il les a vues émigrer de la même manière au Nouveau-Brunswick. La chasse à la bécasse est fort laborieuse, mais fort intéressante ; le Bois Bijou, sur les limites de la cité de Québec, la côte à Bonhomme à Charlesbourg, les hauteurs de Sillery, à venir jusqu’à ces années dernières étaient réputées fort giboyeuses. Après de longues sécheresses, il serait inutile de battre les hauteurs en quête de bécasses ; il faut alors avec un bon chien, explorer les terrains marécageux et bas ; après des jours de pluie, ces oiseaux gagneront le versant des collines et les clairières dans les forêts. C’est là qu’on les rencontre aux beaux jours d’automne, recherchant les rayons du soleil quand il commence à faire froid.

Plus tard dans la saison, le chasseur remarque quelques