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herbes, voilà le nid qui bientôt contiendra quatre œufs d’un jaune olive, abondamment tachetés de brun clair ou foncé ; ces taches augmentent en étendue à mesure qu’elles approchent du gros bout où elles forment un cercle ; les œufs sont toujours disposés de manière à ce que le petit bout se touche tous. Les jeunes comme ceux de la bécasse, quittent le nid, dès qu’ils sont éclos ; ils recherchent d’abord les insectes et plus tard, quand leur bec est fort, ils l’enfoncent, comme les vieux, un demi pouce dans le sol, pour en extraire des vermisseaux et de petites racines d’herbes. Les bécassines sont fort nombreuses sur toutes les battures marécageuses du St.-Laurent ou dans les champs que l’eau du fleuve recouvre à chaque grande mer[1] Elles sont très singulières dans leurs habitudes ; le chasseur qui remettrait au lendemain, une chasse qu’il se promet dans un endroit où il a vu nombre de ces oiseaux la veille, n’en trouvera peut-être pas un seul le lendemain dans la même localité. Sont elles alarmées ? elle s’élèvent en zig-zags, sonnent leur cri Wau-aik, font quelques évolutions dans les airs, des crochets, comme dit le chasseur, et reviennent se poser presqu’à l’endroit d’où elles sont parti.

Audubon a découvert les nids des bécassines dans la Nouvelle Écosse, dans l’État du Maine et dans les régions montagneuses de l’Union Américaine. La chair de la bécassine est aussi renommée que celle de la bécasse ; on sait que nos bon-vivants laissent à la bécassine et à la bécasse, pour farce, leurs intestins, avec leur contenu, et qu’ils les font rôtir tout rondes ; pourtant, il n’est pas rare d’extraire des viscères de bécassines mortes, de gros vers de terre, des sangsues ; comestibles peu convenables, on

  1. On appelle grande mer, ces hautes marées qui ont lieu semi mensuellement, à partir de la ville de Trois-Rivières en descendant vers le golfe.