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et faire flamber pour la rendre étanche la pirogue de chasse seigneuriale, que l’on tirait de l’appentis où elle avait été mise en hivernement ; cette Argo, bâtie à clins, en cèdre, était munie d’une grande voile latine ; elle avait de dix-huit à vingt pieds de quille.

Un mot maintenant sur le physique de mon vieil ami, le Seigneur. C’était un homme de haute taille, bien planté, son père le Dr F. Oliva, était de descendance germanique. Le fils avait la désinvolture d’un baron Allemand, le verbe haut, le teint frais, le geste énergique. Mon aïeul, M. Daniel McPherson, chez qui je demeurais, ne le désignait jamais autrement que sous le nom de baron Oliva. Il était maître — passé en vénerie, ce fier baron, — un oracle pour la jeunesse. Au chapitre du gibier, il en voulait surtout aux outardes et aux canards ; c’était lui qui surveillait l’élevage et l’éducation de ses plans : un couple de magnifiques outardes domestiques dont la réclame sonore se faisait entendre d’un bout à l’autre du bourg. M. Oliva, était, en outre, secondé dans ses chasses par un grand chien noir, à poil roide et grisonnant, espèce de griffon, qui l’accompagnait constamment soit pour repêcher le gibier blessé qui tombait dans l’onde, soit pour tirer au rivage, un petit traineau recouvert, où le baron enfermait ses plans, dans leur trajet au fleuve, à la fonte des neiges, pour la chasse du printemps.

Ce chien qui avait nom, Gaspé, lui servait comme Retriever, pour rapporter le gibier ; c’était un prodige de sagacité que Gaspé, dont je n’ai jamais pu débrouiller la complexe lignée.

Au retour d’une de ses chasses printanières, je demandais à mon vieil ami, de vouloir bien me faire part de l’itinéraire de sa récente excursion. L’illustre baron se rengorgeant, prit majestueusement une prise de maccaba