Page:LeMoine - Chasse et pêche au Canada, 1887.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, en courant, à recueillir des graines de plantes marines dans le rapport, au moment où il atterrit. Les alouettes alors s’embarquent par centaines sur des morceaux de bois, sur des joncs flottants ou sur les petits îlots formés au rivage, pour y attendre le départ des eaux : la décharge d’une arme à feu, produit en ces occasions des effets surprenants. C’est un massacre colossal, qui se double si l’on tire un second coup, à l’instant où les bandes, se reformant, se posent de nouveau parmi les blessés qui se lamentent et s’agitent en tous sens.

Ayant réussi cette fois à faire attrouper les alouettes sur un petit banc de rocher entouré d’eau à quelques pieds de la rive, je lâchai, sans remuer, mon coup de fusil sur leurs bataillons serrés, les prenant à la file. Le rocher resta jonché de morts et de mourants ; les survivants prirent leur essor en tournoyant.

Quelques minutes plus tard et au moment où les ailes tendues et presque immobiles, elles se posaient au lieu du sinistre, mes camarades firent feu ensemble.

Le résultat de nos décharges, nous donna cent pièces de gibier, sans compter les blessés qui prirent le large.

Et les bandes se succédaient sans interruption presque, et le plomb meurtrier les abattait par centaines : c’était bien la grande mer des alouettes. Le garçon de ferme, après tout n’avait pas eu tort : les paniers n’étaient pas de trop.

Moissonner d’avantage et sans fatigue, de si nombreuses victimes, n’était-ce pas déroger aux canons de la vénerie ?

Nous le pensâmes et, expédiant au manoir nos paniers gonflés, nous nous dirigeâmes à la fraîcheur du matin, vers la vaste batture qui réunit à marée basse l’Île-aux-Grues