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De Beaujeu à la tête de ses censitaires était un chef vigoureux. Il n’hésita pas, pendant l’hiver 1775-76, à traverser le fleuve et à se joindre à la colonne de secours que de Gaspé, seigneur de St-Jean-Port-Joli, Couillard, seigneur de St-Thomas, et un vieil officier écossais, Thomas Ross, de Beaumont, s’efforçaient de faire entrer dans Québec. La rencontre des Boutonnais et de leurs alliés eut lieu à St-Pierre, rivière du Sud, et cette escarmouche est connue dans les annales canadiennes sous le nom de l’affaire de Michel Blais. Ce fut une déroute pour les loyalistes.

Il est curieux de suivre le belliqueux seigneur de Beaujeu tenant haut, en 1775-76, le drapeau anglais — ce même drapeau contre lequel il avait combattu avec tant de succès avant l’abandon de la colonie par la France.

Son expédition pendant l’hiver 1775-76, pour secourir Son Excellence, Guy Carleton, bloqué dans Québec, se termina par un désastre, et faillit lui coûter la vie.

De Beaujeu s’éteignit à l’Île-aux-Grues, en 1802.

Pendant nos premières expéditions de chasse, nous avons entendu raconter par les plus vieux habitants de ces îles, de curieuses anecdotes sur leur vieux et martial seigneur de Beaujeu.

Il paraît que les jours de fêtes, le chevalier de saint Louis prenait un plaisir particulier à porter à sa boutonnière le ruban rouge de l’ordre dont il avait été décoré par le roi de France, Louis XV.

    conduite honorable, il obtint, en janvier 1754, la Croix de St-Louis. Les autorités lui concédèrent cette même année, sur les bords du lac Chaimplain, une terre de quatre lieues de profondeur sur quatre de front, et il se mit de suite à la défricher. Quelque temps plus tard il fut nommé commandant du tort de Michillimakinac où il resta plusieurs années. Il prit une part active à la défense du poste pendant la guerre de l’Indépendance Américaine. M. de Beaujeu mourut le 5 juin 1802 à son manoir à l’Île-aux-Grues, âgé de quatre-vingt ans et six mois, ( « Collections of the State Historical Society of Wisconsin ». Vol VII, pages 133.)