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tirer le gibier, d’habileté pour contrôler les mouvements de ses chiens ; c’est là, le noble exercice du Veneur. L’autre mode est plutôt celui du braconnier ou du charcutier qui désire pourvoir ses étaux de provisions de bouche ; — et pourtant, c’est difficile de faire chez nous la chasse aux oies sauvages, sans avoir recours à ce mode, tant ce gibier est farouche et peu abordable.

L’on aurait bien tort de croire que la chasse au Canada se résume à entasser une pyramide de volatiles de toutes espèces, mêlées à de la vermine de basse-cour.

Benedict-Henry-Revoil, décrit comme suit une battue colossale, opérée dans l’intérêt de l’agriculture : procédé que nous n’admirons qu’à demi.

« La chasse est si belle, dit-il, en l’Amérique du Nord, que ce n’est point ordinairement le gibier qui manque sur le passage du chasseur, mais la poudre et le plomb dans son sac. Il me suffit pour prouver ce que j’avance, de citer un passage de journal que j’ai tout lieu de croire fort authentique. C’est le récit d’une chasse faite dans le comté de Shefford (Canada), près d’un village nommé Frost.

Les habitants de cet endroit s’étaient rassemblés à la taverne de « l’Aigle d’or, » afin de détruire le gibier qui menaçait le produit des récoltes du pays. Il fut résolu que les oiseaux et les animaux pillards, devenus trop nombreux, seraient frappés dans une grande Saint-Barthélémy. Les chasseurs nommèrent deux chefs pour organiser le massacre, et les deux élus convinrent entre eux de se faire accompagner chacun par soixante-quinze camarades qui, dans l’intervalle d’un samedi à celui de la semaine suivante, chasseraient sous leurs ordres.

MM. Asa B. Foster et Augustus Wood partirent donc, et, le 19 avril 1856, on compta les pièces, qui se divisaient de la manière suivante :