Page:LeMoine - Chasse et pêche au Canada, 1887.djvu/211

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— C’est possible, M. le baron, répliquai-je ; vos écrivains en ont raconté de belles sur le Canada ; mais celui qui a dit cela, ou qui le répète, n’est pas un chasseur. À d’autres, monsieur. !  !  !

— Viens avec moi à Deschambault, Gabriel, me dit le baron, et je vais te faire voir ce qu’un chasseur des vieux pays sait faire !

Deux jours après, nous étions rendus à Deschambault. C’était en automne, la chute des feuilles avait eu lieu ; en certains endroits abrités, le soleil n’avait pas encore fondu la première bordée de neige.

Il y avait dans le bois, à un mille et demi du rivage, une cabane à sucre, au milieu d’une érablière, nous y établîmes notre camp ; puis, nous nous mîmes en marche suivis de mon caniche, pour faire brancher les perdrix. J’étais de mauvaise humeur, le baron me faisait porter une quantité inutile de bagage. Mes épaules avaient à endosser, en sus de nos provisions, le pardessus en caoutchouc du baron, le célèbre capot de gazelle, qui ressemblait furieusement à un capot de caribou que j’avais vu exposé en vente, au magasin de M. Renfrew, rue Buade, plus, un parapluie.

Ce qui surtout m’étrivait, c’est qu’en outre du pardessus en caoutchouc, pour le protéger contre la pluie, qu’il me faisait porter, j’avais liée sur mes épaules, une petite malle contenant de gros souliers français, des guêtres, et tout un attirail totalement inconnu au chasseur canadien.

Enfin, je le suivis en grommelant.

Passe un suisse : « silence, Gabriel, » pas un mot… que je puisse épingler cet étrange petit animal, parfaitement inconnu en France. Il le tira ; puis, quand il voulut le déposer dans sa carnassière, il s’aperçut qu’il l’avait oubliée