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rivière des Perdrix qui débouche dans le bras Saint-Nicolas, fourmille de petites truites ? Elles sont plus grosses dans le lac de Saint Jean-Port-Joly, une de vos stations obligées. Quand vous aurez exploré toutes ces rivières, descendez jusqu’à Cacouna. Mais, si vous êtes jeune et beau garçon, gardez-vous de séjourner trop longtemps, sous prétexte de prendre les eaux, à ce Biarritz du Canada, que la présence des beautés de la capitale, pendant la belle saison, rend si dangereux… pour les célibataires. En ce cas, fuyez, dis-je, fuyez bien vite ces sirènes plus à redouter que ne l’étaient celles de l’Île de Calypso !… À leurs côtés, vous courez risque d’oublier qu’à une journée de marche dans les bois, repose l’onde crystalline du lac Saint-Simon : les pêches que l’on fait dans le lac Saint-Simon ont quelque chose de miraculeux. Ayant donc dit adieu à tout le beau monde de Cacouna, enfoncez-vous dans le bois, après vous être muni, entr’autres comestibles, de deux morceaux de lard : l’un, rôti au feu du camp, flanqué d’une salade, et arrosé de vin vieux, ou de bonne bière, apaisera les tiraillements de votre estomac ; avec

    alors de votre poitrine. C’est l’expression du remords : Ah ! Ah ! qu’il était gros ! »

    Puis, cette charmante pêche, outre son agrément propre, nous procure de plus une promenade sur l’eau. Car cette pêche se fait sur de petites berges ; il y en a ici une dizaine, et chacun peut y trouver sa place. Mais il faut être sage, car le bar aime le silence. Telle est sa devise : « Si tu parles, je m’enfuis ! » — « Garde le silence, je mordrai ! »

    Cependant cette pêche, qui est si amusante, est peu connue. Voilà pourquoi, aujourd’hui, j’ose écrire un petit mot à la hâte, pour inviter les jeunes gens des villes à venir à Montmagny prendre du bar. Venez, jeunes amateurs ; ici vous trouverez du plaisir, et une pêche qui, sans contredit, est la plus agréable de toutes. Avec quelle joie vous vous en retournerez dans vos foyers, emportant avec vous quelques douzaines de beaux bars ! Venez, et vous verrez !

    Pour moi, je brûle d’aller tirer de nouveau une vingtaine de ces mignons barrés. Venez ! Un Pêcheur.

    Montmagny, 8 août 1868.