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doute, que sa disparition est due en entier aux massacres en toutes saisons des Wapites, perpétrés par les indiens et par des blancs, qui osent se dire chasseurs.

« Les misérables, » me disait un jour un Nemrod ami, qui violent les lois de chasse et capables de tuer un Wapite femelle, au moment où elle sera bientôt mère, devraient être mis au pilori et avoir la majuscule « M » (pour misérable) brûlée là ! où finit l’épine dorsale. »

Je répétai Amen ! Amen ! ! Amen ! ! !

Allez le chasser maintenant, dans les prairies de l’Ouest, aux versants est des montagnes Rocheuses du 56° et 57° parallèle de latitude nord, jusqu’au Texas. D’après Sir John Richardson, la limite de son parcours, à l’est, serait une ligne tirée à l’extrémité-sud du lac Winnipeg, à la Saskatchewan, 103° degré de longitude ; de là, au point où elle rencontre la rivière Elk, dans le 111° degré. On ne le voit que rarement sur les Monts Alleghany. Dans cette province, ce qu’il nous en reste, ce sont ses os et son bois grandiose enfouis sous terre, au fond des forêts. On peut donc dire, malgré le témoignage de quelques indiens[1], que le Wapite est pour nous une race éteinte.

  1. On nous informe que des Indiens prétendent avoir tué ces années dernières un Wapite sur le lac Taché, en aval de Stoneham. Ne serait-ce pas plutôt quelque gigantesque orignal ?

    Les anciens de Montmagny, racontent aux jeunes chasseurs, la course extraordinaire d’un cerf gigantesque, au milieu des maisons du village. Traqué par des chasseurs, dans les hauteurs, en aval du Buton, pris de panique, il dirigea sa course vers la Rivière du Sud, avec la vitesse d’une locomotive, suivant un de ces sentiers de montagne par où le bois de corde est transporté au village, dans des traînes. Un bûcheron avait tenté de lui barrer le passage avec son voyage de bois, mais le colosse, aveuglé par la teneur, bondit par dessus le cheval, la voiture et le conducteur. Puis, s’élançant sur la glace vive de la Rivière du Sud, dans sa course impétueuse, il ne s’arrêta que pour considérer un vaste cordon noir, qui reliait une rive à l’autre, — le grand pont de Fréchette, à Saint-Thomas. Les deux côtés de la rivière étaient encombrés de specta-