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s’il rencontre, en chemin, un arbre qu’il puisse empoigner, il s’y hissera : là le chasseur le trouve et le tire. En août, il se gorge de bluets ; en septembre, il s’installe au sommet d’un chêne ou d’un hêtre, cassera sans façon les rameaux garnis de glands ou de faînes dont il fera un copieux repas, laissant au haut de l’arbre, un amas de branchettes que de loin l’on prendrait pour l’aire d’un oiseau de proie.

Acculé dans sa tanière, ou adossé à un rocher ou à un arbre, Martin est un dangereux adversaire pour le chien de chasse, ou pour son maître.

Il n’a pas appris la boxe ; mais, de sa patte flexible, armée de terribles griffes, il flanquera une taloche à éreinter un chien : malheur au dogue qui s’acharnera à le saisir au collet, ou au chasseur exposé à son étreinte meurtrière. Pour se défendre, il emploiera d’abord sa patte ; il estropiera le dogue le plus robuste et fera voler au loin, le fusil ou le casse-tête du chasseur, qui s’approchera de trop près.

L’ours noir fuit d’ordinaire en présence de l’homme, à moins que ce ne soit à la saison de l’accouplement ; alors les mâles sont agressifs, ou à la fonte des neiges, temps où les femelles ont des oursons à élever et à protéger.

La chair, surtout les jambons de l’ours sont savoureux ; sa graisse, fort usitée comme cosmétique.

L’animal se creusera une tanière aux premières neiges, sous un arbre renversé ou sous l’abri d’un rocher : s’y retirera gras et bien repus ; y séjournera plongé dans un profond sommeil pendant les grands froids de Décembre, Janvier et Février ; en sortira également gras aux beaux jours de Mars, ou à la chaude température d’Avril ; puis, le galant perdra un peu de son embonpoint à faire l’école buissonnière dans le grand bois…