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Le chasseur se munit ordinairement d’une carabine où d’un fusil à longue portée : rendu dans la forêt, il recherche des pistes fraîches et une fois trouvées, il les suit attentivement, l’œil constamment aux aguets ; s’il découvre un renard, et qu’il soit éveillé, c’est le moment pour le chasseur d’avoir recours à tout son savoir-faire. Bien que la bête d’ordinaire s’en remet à son nez exquis, pour découvrir le danger, il a aussi la vue bonne. Pour se glisser sans être observé, à portée de fusil, dans un lieu découvert, le chasseur sera contraint de guetter les moindres mouvements du gibier, restant immobile dès que le renard a la vue sur lui et n’avançant que lorsque ce dernier ne le fixe pas du regard : car une fois aperçu, le chasseur peut lui dire adieu ; le rusé animal part avec la vitesse d’un coursier.

Pour cette chasse, il faut des muscles d’acier, une patience à toute épreuve, une connaissance profonde des habitudes du renard. J’ai connu un chasseur, qui de la sorte est parvenu à faire l’approche d’un renard à vingt pieds de distance, mais il marchait sous le vent. Certains chasseurs savent imiter le cri du mulot ; quand le renard est affamé, cet artifice a quelquefois réussi ; d’autres attendent patiemment sans remuer, pour faire l’approche, que la bête se livre au sommeil.

Chose singulière, à moins d’être alarmé, un renard reviendra, chaque jour et à la même heure, au poste qu’il s’est choisi. Le parcours d’un renard affamé, et en quête d’aliments pendant la nuit est très considérable ; on prétend que les renards descendent la nuit au clair de la lune, des montagnes de la Jeune-Lorette, rôdent autour des tanneries et des abattoirs dans le voisinage de la rivière St-Charles, près de Québec, et sont de retour, les gaillards, à leur tanière, au petit jour — une distance aller et retour — de dix-huit milles.