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XXII


1932. Lucette se souvient tout à coup de son premier missel. Sur une page du livre à dos d’ivoire, un calendrier marquait les dates des fêtes mobiles : 1900 à 1932. Et petite fille, elle s’effrayait de ce chiffre, comptant bien mourir avant de l’atteindre, tant il lui semblait lointain, tant elle redoutait aussi de vieillir.


Et dans quelques jours, 1932 commencerait.


Guy travaille ce soir. Lucette profite de son absence pour envelopper mystérieusement les étrennes. Elle déroule des papiers multicolores et soyeux, des rubans dorés, elle fait couler de leur boîte des cachets où s’arrondit la figure barbue et couperosée du Père Noël, où brille une maison illuminée dans un décor de neige, où des bas pendent auprès d’un foyer aux flammes vives, où s’étalent des sapins ouatés et symétriques.

Ces préparatifs lui plaisent encore plus qu’autrefois. C’est un bonheur reposant. Elle range avec soin les colis aux formes diverses. Il y en a pour bébé, qui déchirera sans comprendre. Elle a acheté pour Guy ce stylo qu’il regardait depuis