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LE NOM DANS LE BRONZE

notre population a passé de 65 000 à 4 000 000 d’âmes, et qu’elle parle toujours la même langue…

Ce jour-là, Marguerite fait aussi dans la campagne autour de Québec, une promenade en auto qui achève de l’émouvoir. Elle n’oubliera jamais cette première visite des villages qui furent les témoins de la naissance de notre race, de ses gloires et de ses douleurs. Elle se prend de tendresse pour les longues maisons crépies et basses, si belles avec leurs toits penchés et leurs larges cheminées.

On ralentit la voiture ; elle regarde à son gré toutes ces habitations, construites par nos ancêtres, sur le modèle importé de France et modifié suivant les exigences du climat. Posées le dos au vent du nord, quel que soit le sens de la route, humbles, toutes grises, mais si vénérables, si expressives, ces maisons de l’Ange-Gardien, de Château Richer, de Beauport, avec leurs visages désuets, elles convertissent définitivement Marguerite à l’amour du passé. À leur vue, elle prend conscience de notre caractère propre. Elle se croyait fille de pauvres gens sans souvenirs de famille, et elle se découvre héritière d’un beau patrimoine. Jamais elle