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LE NOM DANS LE BRONZE

lacés, sa jeunesse et l’inconnu de la vie, bouleversent et enivrent à la fois.

À la gare, Philippe lui a donné un livre intitulé : « Je crois que je vous aime ». Il lui a dit :

— Je ne sais pas ce qu’il vaut, je l’ai choisi pour le titre, gardez-le pour son titre…

Elle a promis de répondre à ses lettres. De l’attendrissement enveloppe l’amitié qu’elle lui porte maintenant. Il ne lui a pas fait la cour ; il l’a taquinée, traitée en camarade, mais toutes ses paroles portaient. Son patriotisme, qui semblait souvent exagéré, l’a tout de même influencée, a changé sa manière de voir, agité sa conscience. La veille, longtemps, elle était restée sans pouvoir dormir, angoissée, à cause de Steven. Elle se demandait ce qu’elle allait faire, tout à coup certaine que son devoir était de ne pas l’épouser. Les yeux grands ouverts dans la nuit, la vie lui était réapparue compliquée et difficile. Avec l’énervement de l’insomnie, le remords la tourmentait. Son nom dans le bronze, tout ce que Québec lui avait révélé de souvenirs, de fierté, tout cela se liguait pour qu’elle se sentît coupable ; les avertissements discrets de sa