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LE NOM DANS LE BRONZE

s’ils les apercevaient pour la première fois. Marguerite ne peut taire son ravissement :

— À certaines heures, nous sommes étonnés que tant de gens se plaignent de la vie. Moi, je l’aime…

— Ceux qui se plaignent sont peut-être moins heureux que vous. Cette impression, d’ailleurs, vous ne l’avez pas tous les jours ?

— Presque tous les jours, mais parfois, beaucoup plus forte. Aujourd’hui, par exemple. Aujourd’hui j’aime tout. Chaque chose ajoute à ma bonne humeur. L’aspect de la ville, des arbres, des petits bateaux autour du bassin, cette immensité d’eau, Saint-Ignace et sa solitude, où, pourtant je mourrais d’ennui, si j’étais obligée d’y vivre ! Mais il me semble que si j’y habitais, il y aurait aussi des compensations. J’aurais toujours le fleuve.

— J’irais sûrement vous voir en canot, pour vous distraire.

— Vous croyez donc que j’aie absolument besoin de distractions ? que c’est à cause des distractions qu’elle me prodigue que j’aime la vie ?

— C’est possible…