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LE NOM DANS LE BRONZE

voirs. Ses distractions sont médiocres et rares. Marguerite s’est proclamée contente de vivre, mais il lui faut continuellement des joies en perspective. Entre son père et sa mère subsiste bien une tendresse calme, qui jamais ne se dément, mais qui ne ressemble en rien à cette flambée incessante et joyeuse qu’elle-même a rêvée pour son foyer ; c’est un feu amorti qui, sans s’éteindre, ne jette que des lueurs faibles. Elle veut autre chose, et voilà qu’elle n’aura pour partage qu’un incurable chagrin d’amour.

La sonnerie du téléphone égrène ses notes stridentes dans la maison vide. Marguerite se redresse, prête l’oreille. Sa mère rentre pour répondre, et l’appelle ensuite. Va-t-elle descendre le visage gonflé par les larmes ? Mieux vaut simuler le sommeil.

Plus tard, Madame Couillard monte de son pas lourd ; Marguerite, animée d’un espoir vague, veut savoir qui a téléphoné. Il n’y a plus de lumière dans sa chambre. Sa mère entre-bâille la porte pour lui parler, mais reste sur le seuil. Elles sont gênées l’une avec l’autre ; une réserve qui leur est pénible et qu’elles ne