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LE NOM DANS LE BRONZE

ses amies. Un malaise règne toujours dans leurs propos et lorsque la nécessité de faire une observation se présente, Madame Couillard la fait mal, d’un ton bref et brusque, que Marguerite trouve blessant ; et cela, après avoir hésité, après avoir bien médité ce qu’elle veut dire, tant elle redoute sa maladresse et en souffre.

Pourquoi, si pondérée, si prudente, Madame Couillard a-t-elle laissé sa fille s’éprendre d’un Anglais ? Au premier abord, elle n’a pas imaginé que cette amitié prendrait si vite une tournure sérieuse. Steven et Marguerite faisaient partie d’un groupe qui comprenait presque toute la jeunesse de l’endroit, aucune intimité ne semblait possible dans leurs réunions. Et même plus tard, ce fut encore sans défiance qu’elle remarqua les premiers témoignages d’attention du jeune homme. Elle savait Steven bien élevé et honnête, et il fréquentait amicalement, d’ailleurs, d’autres jeunes filles.

Il avait fallu cependant se rendre à l’évidence. Les rumeurs, les commentaires de la petite ville potinière, les insinuations de ses amies l’auraient renseignée complètement, si elle n’eût d’elle-même, à la fin, tout compris. Le jeune Anglais multipliait les occa-