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LE NOM DANS LE BRONZE

vert. Puis il s’égare dans les canaux qui sillonnent capricieusement cette terre basse imprégnée d’eau ; entre les îles Bibeau, aux Étourneaux, aux Fantômes. Quelques-unes ne sont séparées que par une étroite pièce d’eau, miroir lisse et profond, sombre à cause des grands arbres dont les branches, d’une rive à l’autre, se rejoignent presque en arceaux. Le yacht sort d’une allée ainsi ombragée, où le soleil ne pénètre que tamisé, pour entrer dans un courant élargi et lumineux comme une plaque d’argent.

Philippe, qui a vu nos grands lacs, véritables mers intérieures, le Golfe Saint-Laurent, la baie des Chaleurs, le lac Saint-Jean, le Saguenay et tant d’autres rivières et d’autres lacs que nos cartes ne mentionnent même pas, s’étonne encore de l’extrême beauté de notre pays.

L’air meilleur, tiédi, emprunte à l’odeur de l’eau la saveur d’un breuvage. Les îles s’ajoutent aux îles. Quelques-unes sombrent sous le poids d’impénétrables forêts, d’autres sont unies et planes, clairières bornées par le ciel bas. Ailleurs, des rivages se couvrent de hauts joncs, ou de gazons gras, courts