Page:Le Ballet au XIXe siècle, 1921.djvu/15

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PHÈDRE

Et qui donc règne sur ces abeilles ?

ÉRYXIMAQUE

L’étonnante et l’extrême danseuse, Athikté !

PHÈDRE

Comme tu les connais !

ÉRYXIMAQUE

Tout ce monde charmant a bien d’autres noms ! Les uns qui leur viennent de leurs parents ; et les autres, de leurs intimes…

PHÈDRE

C’est toi, l’intime !… Tu les connais beaucoup trop bien !

ÉRYXIMAQUE

Je les connais bien mieux que bien, et en quelque manière, un peu mieux qu’elles se connaissent elles-mêmes. Ô Phèdre, ne suis-je pas le médecin ? — En moi, par moi, tous les secrets de la médecine s’échangent en secret contre tous les secrets de la danseuse ! Elles m’appellent pour toute chose. Entorses, boutons, fantasmes, peines de cœur, accidents si variés de leur profession, (et ces accidents substantiels qui se déduisent aisément d’une carrière très mobile), — et leurs mystérieux malaises ; voire la jalousie, qu’elle soit artistique ou passionnelle ; voire songes !… Sais-tu qu’il me suffit qu’elles me chuchotent quelque rêve qui les tourmente, pour que je puisse, par exemple, en conclure à l’altération de quelque dent ?

SOCRATE

Homme admirable, qui par les songes connais les dents, penses-tu que les philosophes aient les leurs toutes gâtées ?

ÉRYXIMAQUE

De la morsure de Socrate me préservent les dieux !

PHÈDRE

Regardez-moi plutôt ces bras et ces jambes innombrables !… Quelques