Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/19

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par l’accumulation héréditaire de changements imperceptibles mais si l’on considère seulement la courte durée des temps historiques, on peut dire que les espèces sont invariables. Appliquées à l’homme, les méthodes de classification des naturalistes ont permis d’établir un certain nombre de types parfaitement tranchés. En se basant sur des caractères anatomiques bien nets, tels que la couleur de la peau, la forme et la capacité du crâne, il a été possible d’établir que le genre humain comprend plusieurs espèces distinctes, fort clairement séparées et probablement d’origines très différentes. Pour les savants respectueux des traditions religieuses, ces espèces sont simplement des races. Mais, comme on l’a dit avec raison, «si le nègre et le caucasien étaient des colimaçons, tous les zoologistes affirmeraient à l’unanimité qu’ils constituent d’excellentes espèces, n’ayant jamais pu provenir- d’un même couple dont ils se seraient graduellement écartés».

Ces caractères anatomiques, ceux du moins que notre analyse peut atteindre, ne permettent que des divisions générales fort sommaires. Leurs divergences apparaissent seulement chez des espèces humaines bien tranchées les blancs, les nègres et les jaunes, par exemple. Mais des peuples, très semblables par leur aspect physique, peuvent grandement différer par leurs façons de sentir et d’agir, et par conséquent par leurs civilisations, leurs croyances et leurs arts. Est-il possible, notamment, de classer dans un même groupe un Espagnol, un Anglais et un Arabe ? Les différences mentales existant entre eux n’éclatent-elles pas à tous les yeux et ne se lisent-elles pas à chaque page de leur histoire ? A défaut de caractères anatomiques, on a voulu s’appuyer, pour la classification de certains peuples, sur divers éléments tels que les langues, les croyances, les groupements politiques, etc. De telles classifications ne résistent guère à l’examen.

Les éléments de classification que l’anatomie, les langues, le milieu, les groupements politiques ne sauraient fournir, nous sont donnés par la psychologie. Celle-ci montre que, derrière les institutions, les arts, les croyances, les bouleversements politiques de chaque peuple, se trouvent certains caractères moraux et intellectuels dont son évolution