Page:Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples.djvu/22

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niers, en y comprenant les diverses influences physiques et morales, auxquelles l’homme reste soumis pendant sa vie, et notamment pendant son éducation, ne produisent, sauf dans le cas de changements brusques et profonds de l’ambiance, que des variations assez faibles. Ils n’agissent réellement que lorsque l’hérédité les a accumulés dans le même sens pendant longtemps.

Quoi qu’il fasse, l’homme est donc toujours et avant tout le représentant de sa race. L’agrégat d’idées, de sentiments que tous les individus d’un même pays apportent en naissant, forme l’âme de la race. Invisible dans son essence, cette âme est fort visible dans ses effets, puisqu’elle régit en réalité toute l’évolution d’un peuple.

Une race peut se comparer à l’ensemble des cellules qui constituent un être vivant. Ces milliards de cellules ont une durée très courte, alors que la durée de l’être formé par leur union est relativement très longue. Elles possèdent donc à la fois une vie personnelle, la leur, et une vie collective, celle de l’être dont elles composent la substance. Chaque individu d’une race a, lui aussi, une vie individuelle très courte et une vie collective très longue. Cette dernière est celle de la race dont il est né, qu’il contribue à perpétuer, et dont il dépend toujours.

Nous devons donc considérer la race comme un être permanent, affranchi du temps. Cet être permanent se trouve composé non seulement des individus vivants qui le constituent à un moment donné, mais aussi de la longue série des morts qui furent ses ancêtres. Pour comprendre la vraie signification de la race, il faut la prolonger à la fois dans le passé et dans l’avenir. Infiniment plus nombreux que les vivants, les morts sont aussi infiniment plus puissants qu’eux. Ils régissent l’immense domaine de l’inconscient, cet invisible empire duquel relèvent toutes les manifestations de l’intelligence et du caractère. C’est par ses morts, beaucoup plus que par ses vivants, qu’un peuple est conduit. C’est par eux seuls qu’une race est fondée. Siècle après siècle, ils ont créé nos idées et nos sentiments, et par conséquent tous les mobiles de notre conduite. Les générations éteintes ne nous imposent pas seulement leur constitution physique elles nous imposent aussi leurs pensées. Les morts sont les seuls maitres indiscutés des vivants. Nous portons le poids de