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étouffent sous la centralisation. On n’a fait, depuis dix ans, que la rendre plus pesante. On s’est appliqué à enlever aux proviseurs ce qui restait de leur initiative. Il n’est pas une académie, pas un lycée d’où ne s’élève une plainte, partout la même et partout aussi vive[1].

§ 3. CE QUE COÛTENT LES LYCÉES À L’ÉTAT.

Il est utile de savoir ce que coûte un pareil enseignement. Cela est d’autant plus intéressant que nous aurons comme point de comparaison l’enseignement congréganiste. C’est une règle générale bien connue et sur laquelle nous avons insisté dans un autre ouvrage, que tout ce qui est géré par l’État, qu’il s’agisse de chemins de fer, de navires ou de n’importe quoi, coûte de 25 à 50 % plus cher que ce qui est géré par l’initiative privée.

Les lycées, bien entendu, n’échappent pas à cette loi. Alors que les maisons congréganistes, qui ne reçoivent aucune subvention, réalisent des bénéfices, l’État trouve le moyen de perdre des sommes énormes avec les lycées.

En restant sur le terrain économique mais en me plaçant à un point de vue plus général, j’ai eu la curiosité de relever un point intéressant de la statistique d’après le budget de l’Instruction publique de 1895 ; je suis arrivé à cette conclusion que l’État donne pour les collèges une subvention de 75 francs par tête de collégien, pour les lycées une somme de 300 francs par tête de collégien, pour les facultés une subvention de 495 francs par tête d’étudiant.

On voit que, pour les enfants des classes dirigeantes, l’État fournit une subvention beaucoup plus considérable que celle qui est afférente à l’enseignement primaire[2].

En 1869, il y avait 22 lycées qui ne demandaient aucune sub-

  1. Enquête. Ribot, t. VI, p. 4.
  2. Enquête, t. II, p. 427 Brocard, répétiteur général à Condorcet.