Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/122

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professeur plus modeste parvient à faire travailler l’ensemble de ses élèves, à entraîner la masse, dont il a charge, à tirer de tous ce qu’ils peuvent véritablement donner[1].

Ce zèle accidentel se refroidit d’ailleurs assez vite, et au bout de fort peu de temps, le rhéteur disert devient un simple bureaucrate faisant son cours à heure fixe sans s’occuper de ses élèves. C’est alors que comme je le faisais remarquer dans l’introduction, il pourrait être remplacé par un phonographe. M. Raymond Poincaré, ancien Ministre de l’Instruction publique, a fort bien marqué l’évolution bureaucratique finale de l’Universitaire.

Le professeur arrive généralement avec l’idée de partir à la fin de sa classe, il fait son travail très consciencieusement, mais il ne fait que son travail.

Il vient comme un bureaucrate ou un employé de ministère, passer deux heures dans le lycée. Il ne connaît pas ses élèves, il n’a aucun rapport avec eux[2].

Il ne faut pas trop en vouloir au professeur de se transformer si vite en bureaucrate et d’avoir la plus parfaite indifférence à l’égard de ses élèves. Il est le plus souvent un mécontent et un aigri. Le public a pour lui une considération assez faible, et l’Université le traite un peu en fonctionnaire subalterne auquel on ne ménage pas les tracasseries.

Le défaut de prestige de l’universitaire en France est un point fort délicat, lourd de conséquences de toutes sortes, mais qu’il serait inutile de dissimuler.

Ce qui contribue, dans le public, au manque de considération pour les professeurs de l’Université,

  1. Enquête, t. II, p. 693. Léon Bourgeois, ancien ministre de l’Instruction publique.
  2. Enquête, t. II, p. 677. Raymond Poincaré