Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/153

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sion qu’il est impossible de travailler de tête douze heures par jour. C’est de toute évidence, et on peut être bien certain que les élèves ne travaillent pas pendant ces douze heures. La vérité est que s’ils sont tenus assis douze heures par jour, c’est simplement parce qu’on ne sait que faire d’eux. Parents, professeurs, surveillants, chacun cherche simplement à s’en débarrasser. M. Keller l’a dit nettement et avec raison.

Il ne manque pas de parents qui mettent leurs enfants au collège pour s’en débarrasser, et là, les maîtres se laissent aller à garder leurs élèves dans les salles d’étude pour les surveiller plus facilement[1].

Sans doute il vaudrait beaucoup mieux que les élèves passassent une moitié de leur temps à se promener, à faire de l’exercice, etc. Mais, devant l’opposition des proviseurs, des professeurs, et probablement aussi des parents, je crois la réforme sinon impossible, au moins d’une réalisation bien difficile.

Cette unique raison, tenir les élèves assis pour n’avoir pas à s’occuper d’eux, est aussi celle qui prolonge la durée des classes et leur donne une absurde longueur.

Dans nos lycées, les classes ont une durée de deux heures consécutives. Or, cette durée dépasse la capacité normale d’attention chez les adultes, à plus forte raison chez les enfants. Nous tous qui faisons des cours, nous savons très bien qu’une heure de suite est, pour le professeur et pour les auditeurs, l’extrême limite de l’effort utile.

J’avoue même que je préférerais encore le système allemand proprement dit, qui fixe la durée de toutes les classes à cinquante minutes[2]

  1. Enquête, t. II, p. 555. Keller, vice-président de la Société générale d’éducation.
  2. Enquête, t. I, p. 333. Boutroux, professeur à la Sorbonne.