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petite faiblesse et, formés par leurs professeurs, ils apprenaient les cinq périodes du génie de Corneille. Un jour, le professeur était absent et remplacé par son suppléant. Un pauvre candidat croyant avoir affaire à l’homme aux cinq périodes, répondit à cette question : Que savez-vous de Corneille ? : « On distingue cinq périodes ». Mais l’examinateur lui dit : « Vous vous trompez, je ne suis pas M. X… »[1].

Les questions posées par les professeurs sont parfois invraisemblables et dénotent de leur part une mentalité déconcertante.

Il semble que leur principale préoccupation ne soit pas de rechercher ce que sait l’élève, mais bien de l’embarrasser. Voici quelques-unes des questions posées dans diverses facultés et citées devant la Commission d’enquête.

Quelles sont, en France, les terres propres à la culture des asperges ?

Quelles sont les vertus curatives des eaux minérales de France ?

Pourriez-vous dire quelles ont été les réformer faites par l’électeur de Bavière au xviiie siècle[2] ?

Est-il beaucoup de membres de l’Institut — en dehors de quelques spécialistes — capables de répondre à ces questions ?

La seule règle qui guide réellement les examinateurs est d’arriver à une certaine moyenne constante de refusés et d’admis. Ils maintiennent soigneusement la proportion de 50% d’admis, d’après la statistique présentée par M. Buisson à la Commission[3]. La régularité annuelle de ce chiffre indique la préoccupation des examinateurs. Ils iraient plus vite et les résultats seraient absolument les mêmes si la réception des candidats était tirée simplement à pile ou face.

  1. Enquête, t. II, p.262. Pasquier, recteur à Angers.
  2. Enquête, t. II, p. 561. Malet, professeur au lycée Voltaire.
  3. Enquête, t. I, p. 438.