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exclusivement théorique qui, si mauvais soit-il, est encore supérieur à l’enseignement classique.

Nous avons eu occasion, notamment pendant ma direction, de sauver un certain nombre de ces petits collèges en y introduisant un peu d’agriculture théorique, c’est-à-dire un peu d’histoire naturelle, de physique et de chimie, de façon à initier les enfants aux choses de la vie rurate. Cette introduction seule a suffi pour sauver ces petits collèges. L’école de Neubourg, qui comprend des bâtiments superbes, était complètement tombée. On nous a demandé d’y introduire un peu d’enseignement agricole primaire supérieur ; aussitôt l’école s’est remplie et elle est aujourd’hui prospère. C’est la preuve que les programmes doivent s’adapter aux milieux et au temps[1].

J’estime qu’il faudrait transformer nos petits établissements secondaires, suivant les besoins des régions, comme le disait si bien M. Tisserand, en écoles industrielles ou agricoles préparatoires à nos écoles spéciales d’un ordre supérieur. Cela vaudrait beaucoup mieux pour les budgets des villes et pour l’avenir des enfants[2].

Ce sont là des réformes de détail qui ne sauraient conduire bien loin. De vraies réformes ne seront possibles, comme je l’ai dit tant de fois déjà, que lorsque les méthodes d’enseignement des professeurs, et surtout l’opinion des familles, auront changé.

De tels changements ne peuvent être amenés que par des nécessités impérieuses, et ni les programmes ni les discours ne sauraient les déterminer.

Les nécessités impérieuses qui transformeront peut-être un jour l’opinion des parents commencent à se dessiner un peu. Aujourd’hui les classes vraiment influentes, et par conséquent vraiment dirigeantes, tendent de plus en plus à se composer exclusivement d’individus possédant une certaine aisance. Or, il

  1. Enquête, t. II, p. 626. Tisserand, représentant de la Société nationale d’agriculture.
  2. Enquête, t. II, p. 625. Grandeau, représentant de la Société nationale d’agriculture.