Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont les méthodes à employer pour donner les qualités requises ? L’auteur a sans doute préféré se taire que de donner des conseils de force analogue à ceux de M. l’inspecteur Payot.

En fait, les professeurs formés par l’Université n’ont absolument aucune idée arrêtée, bonne on mauvaise, en matière d’éducation. Un d’entre eux, et des plus distingués, M. Belot, professeur à Louis-le-Grand, a très bien exprimé leur embarras et leur incertitude dans un discours de distribution de prix dont voici un extrait :

On nous demande, et plus que jamais aujourd’hui, de faire œuvre d’éducateurs, de fournir des principes à la jeunesse, de discipliner les volontés. Comment le ferons-nous sans empiéter sur les droits de la personnalité qui se forme, sans compromettre la liberté de ses choix futurs, sans exercer une pression sur son originalité native ? Notre devoir se présente ainsi sous deux faces contradictoires. Il nous faut d’un côté exercer une action, être des initiateurs, des directeurs, des maîtres enfin et d’autre part nous devons respecter la liberté de la réflexion et la spontanéité de la nature individuelle. Si nous négligeons cette seconde partie de notre tâche, on nous reprochera d’être des dogmatiques et de paralyser l’énergie naissante ; et si nous oublions l’autre, on nous accusera de faire des sceptiques, de jeter l’âme de nos élèves désemparée et sans boussole au milieu des tourbillons de la vie[1].

§ 2. LA DISCIPLINE SCOLAIRE COMME BASE UNIQUE DE L’ÉDUCATION UNIVERSITAIRE.

Avec de pareilles incertitudes, on conçoit que l’Université laisse à peu près exclusivement de côté dans la pratique toute éducation et n’en parle que dans des discours destinés au public. En fait toute l’éducation qu’elle donne se borne à la lourde et brutale discipline du lycée, destinée uniquement à main-

  1. Le Temps, 30 juillet 1899.