Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/221

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Au point de vue exclusivement utilitaire, une telle étude est dépourvue d’intérêt aujourd’hui. Elle en trouvera le jour où des nécessités économiques et sociales impérieuses auront réussi à modifier l’état mental actuel des professeurs, des parents et des élèves.

Avant d’exposer les principes psychologiques qui devraient servir de base à l’enseignement, rappelons en quelques mots ceux que l’Université admet.

Nous avons déjà fait observer, à propos de l’enquête officielle, qu’il était frappant de voir tant d’hommes éminents disserter longuement sur l’instruction et l’éducation sans s’être demandé une seule fois comment les choses pénètrent dans l’entendement et comment elles s’y fixent.

À vrai dire, ils n’avaient aucune raison de se le demander. Dans une réunion, on ne discute jamais les principes sur lesquels tout le monde est d’accord. Or, tous les universitaires de race latine tiennent pour un principe à l’abri de la discussion que seule la mémoire verbale fixe les choses dans l’esprit. Si donc l’instruction classique donne de navrants résultats, cela n’est explicable que par l’emploi de mauvais programmes et de mauvais manuels. Pourquoi dès lors chercher d’autres raisons ?

De ce principe fondamental, indéracinable aujourd’hui chez les Latins, nous avons vu les conséquences. Il a conduit notre enseignement à un degré au-dessous duquel il ne peut plus descendre. Les élèves perdent inutilement huit ans au collège, et six mois après l’examen rien absolument ne leur reste de ce qu’ils ont appris dans les livres. De leurs huit années de bagne, ils n’ont gardé qu’une horreur intense de