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faire passer le conscient dans l’inconscient — consiste à créer des associations, d’abord conscientes et qui deviennent inconscientes ensuite.

Quelle que soit la connaissance à acquérir : parler une langue, monter à bicyclette ou à cheval, jouer du piano, peindre, apprendre une science ou un art, le mécanisme est toujours le même. Il faut, au moyen d’artifices divers, faire passer le conscient dans l’inconscient par l’établissement d’associations[1] qui engendrent progressivement des réflexes.

La formation de la morale elle-même — on pourrait dire surtout — n’échappe pas à cette loi. La morale n’est sérieusement constituée que quand elle est devenue inconsciente. Alors seulement elle peut servir de guide dans la vie. La raison, quoi qu’on puisse penser, en serait incapable. Les enseignements des livres encore moins.

La psychologie moderne a montré que le rôle de

  1. La loi des associations est trop connue évidemment des lecteurs de cet ouvrage pour qu’il soit nécessaire d’en exposer le principe ici. Je me bornerai à rappeler que les deux formes de l’association auxquelles se ramènent toutes les autres, sont les associations par contiguïté et les associations par ressemblance.

    Le principe des associations par contiguïté est le suivant :

    Lorsque des impressions ont été produites simultanément ou se sont succédé immédiatement, il suffit que l’une soit présentée à l’esprit pour que les autres s’y représentent aussitôt.

    Le principe des associations par ressemblance peut se formuler de la façon suivante :

    Les impressions présentes revivent les impressions passées, qui leur ressemblent.

    C’est surtout sur le principe des associations par contiguïté qu’est édifiée toute l’éducation des êtres vivants.

    C’est en se basant sur le principe des associations par contiguïté que se fait le dressage du cheval et que l’on obtient de lui les choses les plus contradictoires en apparence, par exemple s’arrêter quand il reçoit un coup de cravache étant au galop. Si on a associé pendant plusieurs jours ces deux opérations successives : 1° coup de cravache ; 2° arrêt brusque avec la bride ; la première opération, le coup de cravache, suffira bientôt (association par contiguïté) à déterminer l’arrêt sans qu’il soit besoin de passer à la seconde opération : action sur la bride.