Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/32

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fesseurs qui ont déposé devant la Commission. Tous possèdent une foi très vive dans la vertu des programmes, mais ne croient pas à la puissance des méthodes. Formés eux-mêmes par l’emploi exclusif des anciennes, ils ne supposent pas qu’on puisse en découvrir d’autres.

Ce qui m’a le plus frappé dans la lecture des six gros volumes de l’enquête, c’est l’ignorance totale, où paraissent être tant d’hommes éminents, des principes psychologiques fondamentaux sur lesquels devraient reposer l’instruction et l’éducation. Ils ne manquent pas, certes, d’idée directrice sur ce point. Ils en ont une, si universellement admise, si évidente à leurs yeux, qu’elle semble impossible à discuter.

Cette idée directrice, base essentielle de notre enseignement universitaire, est la suivante : par la mémoire seule les connaissances entrent dans l’entendement et s’y fixent. C’est donc uniquement en s’adressant à la mémoire de l’enfant qu’on peut l’éduquer et l’instruire. De là l’importance des bons programmes, pères des bons manuels. Apprendre par cœur des leçons et des manuels doit constituer les assises fondamentales de l’enseignement.

Pareille conception représente certainement la plus dangereuse et la plus néfaste de ce que l’on pourrait appeler les erreurs fondamentales de l’Université. De la perpétuité de cette erreur chez les peuples latins découle l’indiscutable infériorité de leur instruction et de leur éducation.

Ce sera pour les psychologues de l’avenir un sujet d’étonnement profond que tant d’hommes pleins de savoir et d’expérience, se soient réunis afin de discuter sur les réformes à introduire dans l’enseigne-